Chapitre 1
Quand Edward Elric reprit conscience, le soleil était déjà couché. Allongé sur le sol, il se releva avec difficulté et frotta ses membres endoloris. Ses automails ne semblaient pas avoir souffert du choc, en revanche ce n’était pas le cas de son corps… Il jeta un coup d’œil à la machine qui l’avait mis dans cet état et poussa un long soupir. Cela faisait déjà deux ans qu’il avait traversé la Porte et s’était retrouvé séparé de son frère. Dans un monde sans alchimie, il s’était retrouvé bien démuni. Au fil des mois, il s’était intéressé à la mécanique et avait développé quelques capacités dans ce domaine. Il n’avait pas vraiment eu le choix… Sans Winry pour s’occuper de ses membres mécaniques, il avait dû se débrouiller pour les entretenir. Il avait ensuite étendu ses connaissances afin de chercher un moyen de retourner chez lui, mais jusqu’à présent, toutes ses tentatives s’étaient soldées par un échec.
Il inspecta rapidement son invention : apparemment, elle n’était pas endommagée. Cette fois, tout aurait dû se dérouler comme prévu, il avait pris tous les paramètres en compte, il aurait dû réussir. Mais le lieu dans lequel il se trouvait était toujours le même. Rien n’avait changé autour de lui, il était toujours du même coté de la Porte. Parfois il en venait à se demander s’il serait capable de revoir les siens…
Après un rapide regard en direction de la pendule accrochée au mur de son atelier, il rassembla ses affaires et décida de rentrer chez lui pour prendre un peu de repos. La journée avait été suffisamment éprouvante.
Pourtant, il ne comprenait pas, cela aurait du marcher... Après s'être intéressé aux fusées et leur puissance, il avait changé de domaine et s'était focalisé sur la physique quantique; cette science qui traitait de voyages dans le temps. Bien sûr il ne voulait pas remonter le temps, mais il pensait qu'il y avait moyen de faire un lien avec la Porte. Si celle-ci se trouvait bien dans le coeur de chaque être, comme le lui avait dit Dante en se servant du bébé de Rose, alors elle était également au fond de lui. Mais... si la Porte contenait toutes les connaissances du monde, du passé, du présent, et du futur, alors on pouvait dire qu'elle était intemporelle. Dans ce cas... la Porte pourrait former une boucle au niveau de l'espace temps, un peu dans le même principe que ce que la physique quantique voulait démontrer avec sa notion de boucle. Sans alchimie, pas moyen d'atteindre la Porte, mais en mixant les deux domaines, alors...
- Alors quoi ? Grommela Ed. Alors quoi, hein ? Ça n'a pas marché ! Comme le reste d'ailleurs... Rien ne marche.
Il poussa un soupir en se demandant une fois de plus pourquoi il n'abandonnerait pas. Abandonner ? Pas question. Al l'attendait... et Winry, et les autres. Il ne l'avait pas réalisé sur le coup : focalisé sur l'idée de rendre son corps à Al, puis sur la Pierre Philosophale, puis sur les Homonculus, puis... toujours focalisé sur un but qui excluait toute attache, ou toute chose qui n'y était pas reliée, il n'avait pas pris le temps de vivre. Et là, alors qu'il était séparé pour la première fois d'Alphonse, il se rendait compte que non seulement son frère lui manquait, mais les autres aussi. Peu à peu, durant ces quatre années, il s'était fait des attaches bien malgré lui, il réalisait maintenant que Winry lui manquait, tout comme Izumi, ou même ce satané colonel Roy Mustang. Tous lui manquaient. On ne se rend compte des choses qui comptent pour nous qu'une fois qu'on les a perdu, et en ce moment, c'était bien ce que pensait amèrement Edward.
Il soupira à nouveau. Bien évidemment, c'était ce qu'il était entrain de recommencer: son but, c'est-à-dire rentrer chez lui, lui prenait tout son temps et il cherchait à tout prix à ne pas se faire de liens dans ce monde qu'il devrait quitter un jour ou l'autre, le plus tôt serait le mieux.
Ed releva la tête alors qu'il marchait. Le ciel était maintenant noir encre, et il commençait à faire froid: l'hiver approchait. Il accéléra le pas puis s'arrêta tout d'un coup. Il venait de penser à quelque chose.
- Et merde !! Lâcha-t-il avant de se mettre à courir en direction de l'atelier. J'étais entrain de me lamenter sur mon sort et je n'y ai même pas pensé... tssk ! Je suis vraiment nul ! Evidemment que ça ne pouvait pas marcher si j'ai oublié de faire ce réglage !!
En courant il fut vite de retour à son atelier, et balança littéralement ses affaires par terre. Sans prendre le temps d'enlever son manteau, il prit ses outils et commença à faire son ajustement.
Une heure plus tard, il avait fini. Il regarda rapidement la pendule au mur. Il était tard mais... Avec ça, ça devrait marcher. Non, ça marchera. Il retira son manteau, prenant le temps de réaliser qu'il était en sueur, recula pour admirer sa machine et soupira. Et ci cette fois-ci également ça ne marchait pas ? Un nouvel échec...
- Je veux rentrer. C'est tout ce qui compte.
Edward se mit à sourire. Il y était presque, il le savait. Il manquait juste un petit quelque chose, juste un détail... Il s'assit dans sa machine et prit sa respiration. Qu'avait-il à perdre ? Qu'avait-il à gagner ? Il mis la machine en route. Elle se mis à trembler et une violente douleur le pris à la poitrine, puis ce fut le noir. Il s'évanouit pour la seconde fois.
Il était à nouveau étendu sur le sol, ses automails le faisant souffrir. Il avait mal rien qu'à bouger les doigts: la pluie n'était pas loin. Il se redressa non sans mal, avec une impression de déjà vu, mais la machine ne semblait plus en aussi bon état que la première fois. Elle fumait de plusieurs endroits et certaines pièces gisaient au sol, simplement détachées ou carrément cassées. "Allons bon, si maintenant elle est hors d'usage..." mais un détail sur le mur derrière attira son attention. Le mur !! Il se retourna et vit dans quelle pièce il se trouvait. Elle était pleine de poussière et totalement vide, la machine mise à part. Des lézardes couraient sur les murs, et le plancher était en très mauvais état.
- Non !
Edward tourna sur lui même en regardant la pièce. Le jour commençait à pointer dehors, mais la pièce restait dans la pénombre.
- Non !! Je... J'ai réussi ?!
Devant le fait accomplit il avait peine à le croire. Où était-il ? Certainement pas dans la pièce qu'il venait de quitter... Il regarda soudainement la pendule, mais celle-ci n'était plus là. La surprise qui le clouait au même endroit depuis qu'il avait remarqué le mur sembla s'estomper pour faire face à un sentiment de pur bonheur. Ed se mit à courir vers la porte, eut du mal à l'ouvrir mais en s'acharnant celle-ci céda et il se précipita dehors. Il avait mal en marchant, la machine conjuguée à l'humidité ambiante ayant provoquée une douleur sourde dans ses articulations, mais il n'en avait cure. Dehors il regarda autour de lui, tentant d'apercevoir quelque jour dans l'obscurité du petit matin, puis il releva la tête.
Un immense immeuble se dressait devant lui, montant jusqu'à haut dans le ciel. Ses yeux s'écarquillèrent.
- Qu'est-ce que...